Hanna Salzenstein, violoncelle

Thibaut Roussel, théorbe

Hanna Salzenstein et Thibaut Roussel incarnent une nouvelle génération de musiciens alliant talent et générosité. Pour leur premier concert à Maguelone, ils nous racontent en musique la naissance du violoncelle. Portés par une complicité musicale profonde et une grande sensibilité, ils nous invitent à suivre les pas des musiciens italiens, célèbres ou méconnus, qui parcouraient l’Europe au XVIII^e siècle, pour faire découvrir leurs œuvres.

« Pourtant, si le violon est alors une référence incontournable, un instrument connaît un parcours somme toute assez particulier. Tout comme le viol-ino (petite viole), le violon-cello (petit violone) est un instrument bâtard, descendant des violes, destiné à faire face aux bals et théâtres bruyants du Seicento italien. Pour se distinguer de la viola all’antica (de gambe), il passe par plusieurs noms, factures et manières d’être tenu (violoncino, violonzello, violoto, viola da collo, violoncello da spalla, piccolo, etc.), avant d’être standardisé au cours du XVIII^esiècle. Il est certes vrai que les premiers professeurs de violoncelle dans les conservatoires italiens furent des violonistes, comme Vivaldi, qui enseignait la viola al inglese (viole de gambe) à l’Ospedale della Pietà, ou Cailò à Naples, professeur de Francesco Alborea, le fameux Francischello, “le meilleur violoncelliste de son époque” (Burney). Mais le violoncelle avait directement hérité, par ses premiers interprètes qui jouaient aussi de la viole de gambe, de l’esprit du riche répertoire pour cet instrument, comme par exemple les ricercare et glosas de Diego Ortiz, particulièrement expérimentaux et agiles. Aussi, à la différence des autres instruments, le violoncelle côtoyait déjà la virtuosité avant de passer par l’exemple du violon. »

« Ce qui me passionne, c’est de mettre en perspective des répertoires rares et moins rares, de restituer le son et l’esprit d’une époque et d’associer des œuvres connues avec du répertoire resté dans l’ombre […]. Ce qui me touche, c’est de me plonger dans une histoire, une écriture, sans nécessairement concevoir de cassure entre les répertoires mais en essayant plutôt de trouver une justesse d’interprétation et de sonorité. » (Hanna Salzenstein)

« Ce que j’aime avec le théorbe, c’est qu’il permet de jouer avec beaucoup de gens, d’instruments et de répertoires. On peut aller de l’opéra jusqu’à la musique sacrée, pour laquelle il est très important. Le répertoire solo est aussi très riche et magnifique. Et trop peu joué. » (Thibaut Roussel)

Après avoir suivi ses études au Conservatoire de Paris dans la classe de Raphaël Pidoux, Hanna Salzenstein se produit dans de nombreux festivals tels que La Folle Journée de Nantes, le Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron, le Festival des sommets musicaux de Gstaad, ainsi qu’en soliste avec l’Orchestre du Conservatoire de Paris et avec l’Orchestre Appassionato dirigé par Mathieu Herzog à la Seine Musicale, dans le cadre de l’Académie Philippe Jaroussky.

Elle étudie le violoncelle baroque dans la classe de Christophe Coin, puis elle intègre Le Consort aux côtés de Justin Taylor, Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche. L’ensemble s’est depuis produit en France et en Europe sur de très nombreuses scènes (Philharmonie de Paris, Arsenal de Metz, Philharmonie de Cologne, BOZAR Bruxelles, Elbphilharmonie Hambourg, Opéra de Dijon, Opéra de Montpellier, Oude Muziek). Ils enregistrent plusieurs disques, notamment Specchio Veneziano, récompensé par un Diapason d’Or, et ils collaborent avec des chanteuses telles qu’Eva Zaïcik et Adèle Charvet.

Hanna Salzenstein forme depuis sept ans, avec la pianiste Fiona Mato, le Duo Adama. Ensemble, elles sont cofondatrices du Dichter Trio avec le violoniste Théotime Langlois de Swarte. Ils participent au Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron avant de devenir artistes résidents à la Fondation Singer-Polignac. Ils enregistrent ensuite chez le label Harmonia Mundi un disque consacré à Clara et Robert Schumann, en collaboration avec le musée de la Musique. Ils font leurs débuts à la Philharmonie de Paris à l’automne 2023.

Hanna Salzenstein est lauréate de la Fondation Banque Populaire, et s’est produite aux côtés de Renaud Capuçon lors d’une résidence de jeunes artistes. Elle participe également à la création mondiale d’une œuvre de Benjamin Attahir pour trois violoncelles et voix de soprano, intitulée Le Jardin d’Afrique.

Durant la saison 2024, elle se produit au sein du Consort pour leurs débuts aux États-Unis, avec plusieurs tournées de concerts. Elle réalise également son premier enregistrement solo chez le label Mirare, consacré à l’émergence du violoncelle soliste en Italie au début du XVIIIᵉ siècle, récompensé d’un Diapason d’Or Découverte.

Après s’être produite en soliste avec Le Concert de la Loge ainsi que Le Consort lors de l’été 2024, elle enregistre en septembre son second disque solo, consacré aux concertos pour violoncelle du répertoire italien. Ce disque, sorti début 2025 chez le label Mirare, est récompensé d’un Choc Classica et d’un Trophée Radio Classique.

Après des études de guitare classique, de son et de technologie instrumentale (Sèvres), Thibaut Roussel se spécialise dans l’interprétation de la musique ancienne avec l’étude du théorbe, des guitares anciennes, ainsi que des luths Renaissance et baroque au Conservatoire de Versailles dans la classe de Benjamin Perrot. Depuis toujours passionné par le patrimoine musical français des XVIIe et XVIIIe siècles, il axe aujourd’hui ses recherches et son orientation musicale vers la redécouverte de répertoires et compositeurs oubliés.

Il se produit en soliste et continuiste dans des ensembles de musique spécialisée tels que l’Ensemble Correspondances (Sébastien Daucé), Pygmalion (Raphaël Pichon), l’Escadron Volant de la Reine, Le Consort, La Sourde (Samuel Achache), le Centre de musique baroque de Versailles, en récital avec la violiste Mathilde Vialle, la violoncelliste Hanna Salzenstein, la flûtiste Gabrielle Rubio, le chanteur Marc Mauillon…

Particulièrement intéressé par la création et les diverses formes de musiques actuelles et contemporaines ainsi que son interprétation sur instruments anciens, il crée des pièces spécialement écrites pour le théorbe et les instruments de la famille des luths et guitares au sein de divers récitals et festivals (Montpellier, Versailles, Vézelay…).

Il pilote depuis plusieurs années des projets discographiques pour divers labels (Le Coucher du Roy, Suites à la mémoire d’un poète, Diapason d’Or et Choc Classica ; Une Soirée chez Berlioz, Harmonia Mundi), sur la guitare Grobert du musée de la Musique, notamment, ainsi que The Last Rose (Harmonia Mundi), un disque publié en avril 2025 avec Mathilde Vialle, Ronan Khalil et Zachary Wilder sur deux fabuleux instruments historiques du musée de la Musique de Paris.

Depuis septembre 2023, il enseigne au Pôle Supérieur Aliénor de Poitiers.